L'accident de piano

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Après une série de films aussi drôles qu'originaux, Quentin Dupieux a déçu un certain nombre de ses fans avec L'accident de piano, un film toujours hautement original mais pas drôle du tout. Et si c'était voulu? Ici, le ton toujours décalé du cinéaste masque un certain temps une noirceur en réalité digne d'un... film noir. Son anti-héroïne Magalie, alias «Magaloche», est une star du web qui gagne des fortunes en postant des contenus choc sur les réseaux sociaux et autres sites de divertissement, profitant d'une étrange particularité: elle est née insensible à la douleur! Suite à un accident grave survenu sur le tournage d'une de ses vidéos, elle s'isole à la montagne avec son assistant personnel pour faire un break. Mais une journaliste commence à lui faire du chantage pour obtenir une interview exclusive et un fan local la reconnaît. Tout cela ne peut que très mal finir. C'est à une vraie galerie des «monstres», digne de la grande comédie à l'italienne des années 1960-70, que nous convie ici Dupieux. Entre le crétin harceleur de célébrités, la journaliste retorse, le larbin plein de ressentiment et la star autocentrée, qui est le pire? Cette dernière assurément, jouée par une courageuse Adèle Exarchopoulos, cheveux courts en pétard, appareil dentaire et un bras dans le plâtre, qui ponctue toutes ses phrases par de petits rires inquiétants. Mais un habile scénario en trois temps la révèle aussi victime d'une longue dérive qui aurait commencé un certain le 12 mars 1989, jour de la naissance officielle de l'Internet. En clair, l'auteur de Rubber, Le daim et autres Yannick se dévoile ici en satiriste misanthrope qui vomit son époque. Un grand moraliste, celui qu'on avait pris pour un simple amuseur farfelu et surréaliste?